Quel genre avons-nous ?
J\’ai grandi à une époque où l\’orientation sexuelle et l\’identité de genre n\’étaient pas des questions dans ce pays. Il y avait nous, les hommes, il y avait des femmes avec nous et c\’était tout. La nature pourvoyait à nos besoins et nous nous identifiions par ce que nous portions dans nos pantalons. Ou sur nos seins, ce qui, bien sûr, était parfois plus suspect. Un homme avec une chatte, une femme avec une chatte, c\’est tout. Ceux qui ne l\’acceptaient pas n\’avaient pas de chance, et s\’ils voulaient éviter des ennuis inutiles, ils gardaient leurs différences pour eux ou pour leurs proches en qui ils avaient confiance.
Mais pas aujourd\’hui. J\’ai beau réorganiser les choses dans ma tête, j\’en arrive toujours à la même conclusion. Je suis un homme, comme presque tous mes semblables. Et les femmes qui m\’entourent sont toujours automatiquement des femmes. Et comme il n\’y a que des cas isolés, 4 % tout au plus, je suppose que, comme la majorité de la société, je m\’y suis habitué depuis longtemps. À moins qu\’un oncle homosexuel n\’essaie d\’entrer dans mon caleçon. Mais il y en a d\’autres.
Mais apparemment, il y a d\’autres personnes autour de nous qui ont des identités sexuelles différentes. Et apparemment, il y a pas mal de déviants. Dans notre pays, comme vous l\’avez peut-être remarqué dans les journaux et sur Internet, le problème se limite principalement aux toilettes publiques. Les gens doivent-ils aller là où ils sont privilégiés par nature ou là où ils pensent qu\’ils sont censés aller, et combien de toilettes spécifiques devraient être installées dans notre pays, ou les toilettes publiques ne devraient-elles pas être pour tout le monde ? [Je ne sais pas comment je me sentirais à la place de quelqu\’un qui n\’est pas né dans le corps dans lequel je veux vivre. Je ne peux donc pas juger du problème que cela représenterait pour moi d\’aller dans les toilettes pour hommes alors que je suis mentalement une femme, ou d\’aller dans les toilettes pour hommes alors que je suis un autre être vivant. Je ne sais pas comment je le supporterai, si je serai capable de me conformer à ce que la société attend de moi, ou si je serai capable d\’être moi-même, même si c\’est au prix d\’un certain désordre. Mais une chose est sûre. J\’en ai assez de la lutte des sexes. Ne dérangeons pas les autres, permettons à chacun d\’être ce qu\’il veut être. Ne laissez personne vous dire que je ne suis qu\’un homme normal qui aime les femmes. Sinon, un jour viendra où je serai considéré comme un pervers.
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